La mortalité piscicole dans le lac d’Enghien-les-Bains nous a tous marqués l’été dernier. Alors que la concentration en cyanobactéries est actuellement importante, et pour éviter qu’un scénario catastrophe ne se reproduise, le SIARE agit grâce à plusieurs outils. Mais d’abord revenons sur la problématique de la pollution par cyanobactéries.
Qu’est-ce que les cyanobactéries ?
Les cyanobactéries sont des micro-organismes proches des algues qui, en cas de prolifération, dégagent des toxines dangereuses pour les animaux et la santé humaine. Elles concurrencent les autres formes de vie aquatique et étouffent les poissons en consommant l’oxygène disponible.
Facilement reconnaissables car elles forment une couche verte de quelques millimètres à la surface de l’eau, elles ont besoin de luminosité, de chaleur et de nutriments pour se développer. Nous allons voir que ces trois éléments sont malheureusement très facilement réunis au lac d’Enghien.
Des sources de pollution diverses
Malgré sa superficie importante de 44 hectares, le lac d’Enghien est très peu profond (1,3 m en moyenne). Situé au point bas du bassin versant du ru d’Enghien, il est alimenté par les rivières qui prennent leur source dans la forêt de Montmorency (ru de Montlignon, ru de Corbon, ru des Communes, ru d’Andilly). Lors des fortes chaleurs, ces ruisseaux se tarissent et l’eau du lac n’est plus renouvelée, or une eau stagnante est un terrain propice au développement des cyanobactéries. Ajoutons à cela que la hausse de la température de l’eau conduit à une évaporation importante et la conséquence est une baisse en oxygène de l’eau.
Par ailleurs, il faut souligner que les cours d’eau sont soumis à des pollutions constantes, liées à de mauvais raccordements d’assainissement (voir le dossier sur les mauvais branchements du Petit Collecteur n°15). C’est le cas quand les eaux usées (en provenance des toilettes, douche ou lave-linge, etc.) ont leur tuyau d’évacuation branché sur les canalisations d’eau pluviale, qui sont rejetées directement dans la rivière, sans être traitées en station d’épuration. Ces « eaux sales » apportent des matières organiques en surabondance qui constituent des nutriments dont vont se nourrir les cyanobactéries.
La seconde pollution qui impacte la qualité de l’eau du lac est l’apport des eaux pluviales qui ont ruisselé sur les chaussées et toitures des villes en amont du lac. Au fil de leur ruissellement, ces eaux, qui ne peuvent s’infiltrer dans les sols urbanisés imperméables, accumulent des polluants qui se retrouvent dans les cours d’eau : hydrocarbures, résidus d’huile, métaux … Plus l’eau de pluie ruisselle, plus elle se charge en polluant. Or, notre territoire très urbanisé ne permet pas suffisamment l’infiltration à la parcelle, ce qui entraîne un ruissellement important.
La végétation des rives (dite ripisylve) qui aurait pu freiner ces phénomènes est malheureusement quasiment inexistante. En effet, la plupart des berges du lac d’Enghien sont constituées de murs en béton ou en pierre. Or la ripisylve joue un double rôle de régulation : un rôle d’épuration naturelle qui permet de dépolluer l’eau et un rôle d’ombrage du plan d’eau limitant le réchauffement de l’eau et la prolifération d’algues.
L’amélioration de la capacité auto-épuratoire du lac passe donc par une renaturation de ses berges avec des plantations adaptées, telles que les roseaux, iris des marais, joncs … qui aident à l’épuration et apportent de l’oxygène. Néanmoins, la forte fréquentation du site limite les potentialités écologiques.
Les différentes solutions mises en place
Le SIARE va mettre en place au début de l’été 6 hydro-éjecteurs, qui seront complétés par 6 aérateurs en août, permettant d’oxygéner des zones du lac et ainsi, de créer des « îlots de survie » riches en oxygène pour les poissons.
Ces petites machines brassent l’eau et la projettent à l’air libre via des jets de faible hauteur. Au contact de l’atmosphère, l’eau se gorge d’oxygène et est ensuite rediffusée dans la masse d’eau environnante. Le mouvement ainsi créé amplifie l’oxygénation du plan d’eau.
L’hydrolienne qui est en service depuis 2015 a également été remise à l’eau mi-mai, après avoir été réparée, et contribuera à l’oxygénation de l’eau. Son fonctionnement est simple : une hélice immergée est entraînée par les pales transparentes poussées par le vent. Le tourbillon ainsi créé remonte l’eau du fond à la surface où l’eau se charge en oxygène puis redescend. L’oxygénation créée est efficace dans un rayon de plusieurs dizaines de mètres autour de l’hydrolienne.
D’autre part, en juin, vont démarrer les travaux de réaménagement du bassin de stockage des Cressonnières, dont l’un des objectifs est d’améliorer la qualité de l’eau du lac. En effet, 70% des eaux de surface du lac proviennent du bassin des Cressonnières, situé en amont. Le réaménagement va permettre d’optimiser le prétraitement de l’eau grâce notamment, à la filtration et à l’enrichissement en oxygène, via un jardin filtrant et des cascades d’oxygénation, et à la végétation propre à une zone humide. La première phase des travaux en juin-juillet consiste en un curage du bassin, c’est-à-dire l’extraction des sédiments qui se sont accumulés au fond de l’eau. On sait que la présence de sédiments diminue le taux d’oxygène dissous, leur extraction devrait donc permettre d’améliorer la concentration en oxygène du lac.
Rappelons que pour éviter que la situation de l’année dernière ne se reproduise, ces actions ne sont que des solutions temporaires. Améliorer la qualité écologique de l’eau en amont, en particulier mettre en conformité les mauvais branchements, est indispensable.
Vous pouvez vous rapprocher de la ville d’Enghien-les-Bains pour connaître les arrêtés interdisant les activités nautiques sur le lac. Par ailleurs, pour votre sécurité, nous vous déconseillons de toucher l’eau du lac.
Pour aller plus loin :
Vous pouvez agir à votre échelle en faisant en sorte de gérer l’eau de pluie dans votre parcelle, cliquez ici pour lire nos conseils.
Vous pouvez aussi vous assurer de la bonne conformité de vos branchements (obligatoire en cas de vente immobilière). Si vous habitez Bessancourt ou St Prix, cliquez ici pour demander votre diagnostic.
Si vous résidez dans une autre ville, cliquez ici pour savoir quel est votre interlocuteur.