Certaines pollutions chimiques résultent de mauvaises pratiques de particuliers. La somme de ces « petites » pollutions régulières qui s’infiltrent dans les réseaux ou les cours d’eau a des conséquences importantes sur la qualité générale de nos eaux. Il appartient à chacun d’agir !
Les bonnes pratiques à retenir :
Dans la rue :
- Ne pas jeter de déchets dans la rue (mégots, canettes, papiers …) : quand il pleut, ils se retrouvent dans les canalisations d’eaux pluviales qui les rejettent, directement sans traitement, dans le milieu naturel (rivière, lac …)
- Ne pas laver sa voiture devant chez soi car l’eau ruisselle dans la rue jusqu’aux avaloirs pour finir dans les canalisations d’eaux pluviales. Allez dans une station de lavage reliée aux stations d’épuration des eaux usées.
A la maison : Ne pas jeter dans les toilettes ou dans les éviers :
- les graisses et les huiles (à apporter en déchetterie), produits chimiques, des restes de désherbants ou d’engrais utilisés pour le jardinage …
- coton-tige, serviette hygiénique, préservatif, rouleaux de papier toilette en carton (à jeter dans la poubelle des recyclables)
- les médicaments périmés : à rapporter les chez votre pharmacien
- les lingettes (même si c’est conseillé par le fabricant !) : leurs fibres peuvent altérer le bon fonctionnement des installations d’assainissement, entraîner le changement fréquent de pièces et donc augmenter le coût de l’assainissement.
- Hormis le papier toilette, conçu pour se désagréger rapidement et facilement, rien ne doit être jeté dans la cuvette des WC
A retenir : Les toilettes, les éviers et la rue ne sont pas des poubelles !
Le lavage et la vidange des véhicules
Pourquoi laver sa voiture chez soi est-il source de pollution ? Les eaux de lavage de véhicules sont chargées en détergents, hydrocarbures, métaux lourds et matières en suspension qui ruissellent dans la rue. En rentrant dans les bouches, avaloirs des rues, elles sont déversées dans le réseau de collecte des eaux de pluie rejoignant ensuite directement le milieu naturel. Non traitées, ces eaux vont polluer durablement l’environnement, les rivières, les sols, les nappes phréatiques. Beaucoup d’automobilistes lavent leur véhicule à domicile en France, ce qui représente d’importants rejets fortement polluants.
A contrario, les garagistes et stations de lavage professionnelles sont équipés de dispositifs de pré-traitement, appelés séparateurs à hydrocarbures. Ceux-ci permettent de retenir les hydrocarbures et autres pollutions et d’assurer ainsi un rejet conforme.
Ne pas vidanger les huiles de moteur dans la rue
La vidange des huiles de moteur est strictement interdite sur la voie publique. Les huiles de vidange sont des hydrocarbures extrêmement polluants. Un particulier peut faire sa vidange chez lui à la seule condition de disposer d’une fosse spécifique et de porter les huiles collectées en déchetterie. Les garagistes assurent une collecte et un traitement agréés et conformes des huiles usagées.
Les erreurs de branchement
Dans le cas d’un réseau séparatif d’assainissement, les eaux usées et les eaux pluviales sont collectées dans des réseaux différents. Les eaux usées sont acheminées jusqu’aux stations d’épuration afin d’y être traitées avant leur rejet dans le milieu naturel alors que les eaux pluviales sont rejetées directement dans les cours d’eau, sans prétraitement. Une erreur de branchement est le fait qu’une habitation évacue ses eaux usées dans le réseau des eaux pluviales et/ou vice-versa.
Le non-respect de cette séparation des eaux usées et pluviales a des conséquences à double titre :
- Les eaux pluviales dans les canalisations d’eaux usées, par temps de pluie, saturent les réseaux d’eaux usées qui ne sont pas calibrés pour recevoir une telle quantité. Cela peut engendrer des inondations et des refoulements d’eau sale dans les rues, chez les particuliers … De plus, cela provoque un surplus d’eau à traiter en station d’épuration : de l’argent public dépensé pour rien que chacun d’entre nous paie sur sa facture d’eau potable !
- Les eaux usées dans les canalisations d’eaux pluviales provoquent une pollution du milieu naturel : rivières, cours d’eau …
Pour vérifier que vous n’avez pas d’erreurs de branchement chez vous, vous pouvez demander un diagnostic de conformité (obligatoire dans le cas d’une vente immobilière). Vous pouvez pour cela, contacter votre communauté d’agglomération ou si vous habitez Bessancourt ou St Prix, faire une demande au SIARE.
Les lingettes
233 lingettes par seconde sont utilisées en France et nombre d’entre elles finissent malheureusement dans les toilettes. Vous pensez bien faire en suivant les préconisations du fabriquant qui vante des lingettes biodégradables ? En réalité, celles-ci sont composées de fibres ultra résistantes dont la dissolution prend environ 3 mois et elles sont un véritable fléau pour les réseaux d’assainissement.
Une fois jetées dans la cuvette, si elles atteignent les égouts (en jetant les lingettes dans les WC, vous prenez le risque de boucher ou d’endommager la tuyauterie de vos toilettes), elles se fixent à des micro déchets. Petit à petit, cela crée des masses visqueuses appelées « Fatberg », pouvant boucher une canalisation entière. Ces dégâts entraînent l’intervention de professionnels pour déboucher les canalisations, réparer les pompes et les grilles et nécessitent l’arrêt des installations. Cela a un coût, financé par la collectivité et répercuté sur la facture d’eau des abonnés.
Mais ce n’est pas tout ! Les lingettes, du fait de leur composition (produits allergènes, phénoxyéthanol …) et de leur accumulation dans les réseaux polluent le milieu naturel ! En effet, les masses visqueuses peuvent obstruer les réseaux d’assainissement et encrasser les grilles de filtrage à l’entrée des stations d’épuration. Le risque est alors que cela crée un débordement et qu’une partie des eaux usées soient rejetée dans la nature sans être traitée. D’autre part, lorsque le réseau d’eau usée est branché par erreur sur une canalisation d’eau pluviale, les résidus chimiques des lingettes polluent directement les milieux aquatiques, avec des conséquences néfastes pour la faune et la flore.
Alors, la prochaine fois que vous vous apprêtez à jeter vos lingettes dans les WC, réfléchissez-y à deux fois. Les lingettes c’est dans la poubelle, pas dans les toilettes !
Les mégots de cigarette
On le sait, fumer nous tue ! Mais pas seulement… Fumer tue aussi la planète.
Si les effets du tabagisme sur la santé sont bien connus de la population grâce aux multiples campagnes de communication diffusées depuis de nombreuses années, l’impact négatif du tabac sur l’environnement est encore aujourd’hui méconnu du grand public.
Comme le précise le Dr Ruediger Krech, Directeur du Département Promotion de la santé à l’OMS, « ce sont près de 4 500 milliards de filtres à cigarettes qui polluent nos océans, nos fleuves, nos trottoirs, nos parcs, nos sols et nos plages chaque année ».
À l’échelle de la France, 30 à 40 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année. Près de 40 % d’entre eux échouent dans la nature et notamment dans les océans.
Considéré comme un déchet insignifiant depuis trop longtemps, le mégot ne doit plus être abandonné par terre. Du haut de ses 2,4 centimètres pour 0,22 gramme seulement, il est capable de polluer près de 500 litres d’eau. Le film de l’association Gestes Propres, « Le mégot des villes et ses compagnons de voyage », montre bien la facilité avec laquelle il parvient à voyager de nos caniveaux jusqu’aux milieux naturels.
Les filtres de cigarette jetés au sol sont entrainés par le ruissellement des eaux de pluie jusqu’aux avaloirs des villes dans les canalisations d’eaux pluviales. Ces eaux ne sont pas traitées et rejoignent directement les cours d’eau, eux-mêmes se déversant dans les fleuves puis dans les océans. C’est pourquoi jeter un mégot est bien moins inoffensif qu’il n’y parait…
À l’intérieur, on retrouve près de 2 500 substances chimiques (acide cyanhydrique, naphtalène, nicotine, ammoniac, arsenic, mercure, plomb, métaux lourds, etc.) dont certaines sont toxiques pour les écosystèmes. En plus de sa décomposition lente (plus de 10 ans), l’altération de sa matière infuse littéralement les eaux de pluie, laissant s’échapper toutes les substances chimiques citées précédemment.
Une étude publiée en 2018 par NBC News alerte sur les enjeux environnementaux de ce phénomène, classant le filtre de cigarette comme le premier agent polluant des océans, avant même les pailles et les sacs en plastique.
Alors si vous ne le faites pas déjà, changez vos habitudes ! Jetez vos mégots dans un cendrier ou dans une poubelle, la qualité et nos ressources en eau ainsi que l’avenir de notre planète en dépendent.
Les piles électriques
800 millions : c’est le nombre de piles utilisées en France par an. Pourtant, seulement 1/3 de ces piles sont collectées pour être recyclées.
Mais où peuvent bien aller les 2/3 restants ?
Une partie de ces piles se retrouve dans la poubelle des déchets ménagers. Une fois arrivée en décharge, elles sont enfouies dans le sol ou incinérées.
Une autre partie se retrouve dans la nature. Les piles jetées se dégradent sous l’effet de la corrosion.
Dans ces deux cas de figure, les piles polluent l’environnement. Elles contiennent des métaux lourds (mercure, zinc, plomb…) en grande quantité qui se dégradent et contaminent les sols, les cours d’eau mais aussi les nappes phréatiques.
Par exemple, elles peuvent polluer près d’1m³ de terre et jusqu’à 1 000 m³ d’eau pendant 50 ans. Alors, ayez le bon réflexe : déposez vos piles dans les points de collecte dédiés !
Cliquez ici pour trouver le point de collecte le plus proche de chez vous
Les produits ménagers et d'hygiène
Au quotidien, nous utilisons plusieurs produits ménagers que ce soit pour faire notre lessive ou laver la vaisselle. Faites-vous attention à la liste des ingrédients qui composent ces produits ? Ils ne sont pas sans impact pour notre environnement !
Pour le nettoyage, privilégiez des produits naturels :
- utiliser du vinaigre blanc au lieu de la javel comme antibactérien
- choisir du savon noir, du savon de Marseille ou du bicarbonate de soude comme nettoyant
Evitez les détergents et choisissez des produits biodégradables, c’est-à-dire dont les molécules se décomposent dans l’eau facilement et rapidement.
Les produits écologiques sont moins chargés en résidus toxiques, ce qui facilite le traitement des eaux usées en station d’épuration. De plus, en cas d’erreurs de branchement, c’est-à-dire de rejet des eaux usées dans les canalisations d’eaux pluviales qui atterrissent dans les cours d’eau, ces produits sont bien moins toxiques pour l’environnement. Cela est également valable pour les produits d’hygiène comme les shampooings ou les savons.
Enfin, évitez de surdoser : mettre la juste dose de lessive dans sa machine à laver ou son lave-vaisselle, c’est moins de rejet dans les eaux usées !
Dans le choix de nos produits ménagers et d’hygiène, nous pouvons agir pour éviter de polluer l’eau !
Le saviez-vous ? Une lessive de vêtements synthétiques peut libérer jusqu’à 700 000 fibres microplastiques ! Le problème : les stations d’épuration ne sont pas capables de traiter ces microplastiques qui finissent donc dans les milieux aquatiques.
Résultat : 35 % de la pollution plastique mondiale des océans proviendrait des eaux de nos lave-linges !
Quelles solutions ?
-> un lavage à faible température (30-40 degrès), avec un faible essorage, en cycle court permet de limiter la libération des microplastiques dans l’eau
-> vous pouvez aussi acheter des sacs de lavage qui permettent de retenir ces microplastiques
-> depuis le 1er janvier 2025, la loi oblige les fabricants à équiper les machines à laver neufs d’un filtre à microplastique
-> une obligation de lavage industriel des vêtements synthétiques avant leur commercialisation est à l’étude
source chiffre : Julien Boucer et Damien Friot « Microplastiques primaires dans les océans », UICN, 2020
Les huiles et graisses
Un geste à éviter : jeter l’huile de friture dans l’évier ou les toilettes !
Cela va provoquer deux problèmes majeurs :
– l’encrassement des canalisations, ce qui va perturber l’écoulement des eaux usées et nécessiter des curages
– la surcharge de l’étape du déshuilage en station d’épuration
Alors que faire de son huile de friture ? L’idéal est de la déposer en déchetterie mais on peut aussi la verser dans une bouteille en plastique et jeter l’ensemble fermé avec les ordures ménagères.
Les déchets alimentaires
Le saviez-vous ? Pour la bonne santé des canalisations, il vaut mieux jeter à la poubelle les déchets alimentaires recueillis dans la bonde de l’évier.
Par exemple, le marc de café ne se dissout pas dans l’eau. Avec les épluchures de légumes, celui-ci est trop souvent responsable de bouchons dans les canalisations. De même, d’autres aliments comme le riz ou les pâtes peuvent gonfler sous l’effet de l’eau et créer une obstruction.
Ayez le bon réflexe : jetez à la poubelle les déchets alimentaires, cela évitera de surcharger le traitement primaire en station d’épuration.
Mieux encore, vous pouvez utiliser ces déchets pour réaliser votre propre compost ! Cela vous permettra d’obtenir de l’engrais pour vos fleurs et votre jardin mais aussi de réduire la quantité de déchets envoyés en décharge ou dans un incinérateur.
Les médicaments
Les médicaments font partie des substances à ne pas jeter dans l’évier ou les toilettes mais savez-vous pourquoi ?
Les stations d’épurations ne sont pas conçues pour traiter ces déchets, les résidus médicamenteux vont donc polluer le milieu naturel. Une catastrophe pour l’environnement ! Les molécules des médicaments fragilisent les milieux aquatiques et provoquent des troubles chez la flore et la faune. On a même observé un changement de sexe chez certains poissons !
Ayez le bon réflexe : rapportez vos médicaments périmés chez votre pharmacien ! Ils seront ensuite incinérés en unité de valorisation et produiront de l’énergie.
La vidange des piscines privées
Les eaux de nettoyage des filtres et de vidange des piscines privées doivent être évacuées vers le réseau public d’eaux usées, lorsque le volume est inférieur ou égal à 200 m3, en respectant les conditions suivantes :
– évacuation uniquement par temps sec et au minimum 24 heures après un épisode pluvieux
– après neutralisation du niveau résiduel de désinfectant
– avec réduction du débit de vidange (limite à 3 l/s recommandée).
Surtout ne videz pas l’eau de votre piscine dans votre jardin. Les eaux de lavage des filtres sont chargées en contaminants microbiologiques et donc polluantes pour la nature !