Entretenir les rivières sur sa propriété

La rivière est un écosystème composé de berges boisées, riches en espèces animales et végétales. Faute d’entretien préventif régulier, l’écoulement naturel de la rivière peut être dégradé et provoquer un risque d’inondation ou de pollution. L’entretien doit être effectué avec attention afin de préserver la biodiversité animale et végétale.

Avec le développement des activités humaines, de nombreuses perturbations viennent mettre à mal l’équilibre naturel de nos cours d’eau : 

• Les modifications hydromorphologiques des cours d’eau et des berges réduisent les potentialités écologiques du milieu et aggravent les risques d’inondation et d’effondrement des berges.
• Les pollutions, notamment les rejets polluants issus des erreurs de branchements qui sont fréquents et dégradent la qualité des cours d’eau. Les déversements de produits toxiques sont également sources de pollution de l’eau.
• Les espèces exotiques envahissantes : véritables menaces pour la faune et la flore locale, ces espèces particulièrement compétitives ont un système racinaire défavorable au maintien des berges. C’est notamment le cas de la Renouée du Japon, très présente en Île-de-France.

Il est urgent d’intervenir lorsque :

• le maintien de la qualité de l’eau n’est plus assuré ;
• la capacité d’écoulement est réduite et peut engendrer des inondations ;
• la végétation qui prolifère peut gêner l’écoulement de l’eau.

L’article L. 215-2 du Code de l’environnement énonce que les cours d’eau non domaniaux appartiennent aux propriétaires riverains, ainsi que le droit d’usage. Si les deux rives appartiennent à des propriétaires différents, chacun d’eux a la propriété de la moitié du lit, suivant une ligne que l’on suppose tracée au milieu du cours d’eau. La loi n°2206-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques dans son article L. 215-14 dispose que le propriétaire riverain doit assurer l’entretien régulier du cours d’eau notamment par enlèvement des embâcles, débris et atterrissements, flottants ou non, par élagage ou recépage de la végétation des rives.

L’article L. 215-16 du Code de l’environnement précise :

« Si le propriétaire ne s’acquitte pas de l’obligation d’entretien régulier qui lui est faite par l’article L. 215-14, la commune, le groupement de communes ou le syndicat compétent, après une mise en demeure restée infructueuse à l’issue d’un délai déterminé, peut y pourvoir d’office à la charge de l’intéressé. »

Pendant la durée des travaux, les propriétaires sont tenus de laisser passer sur leurs terrains les entrepreneurs, les engins et les agents chargés de la surveillance.

Les solutions que nous vous proposons prennent en compte l’environnement et l’écosystème du ruisseau. Ce sont des solutions ayant des coûts de réalisation raisonnables.

Végétalisez vos rives

Le retrait de la végétation des rives a pour conséquence l’augmentation de l’érosion, la diminution de la diversité et un appauvrissement des cours d’eau. La végétation joue un rôle fondamental dans le ralentissement de l’écoulement de l’eau et son épuration naturelle. Insérer de la végétation permet ainsi de restaurer l’habitat de nombreuses espèces animales, aquatiques et terrestres, et donc de recréer un écosystème riche. Pour les plantations, préférez des espèces ligneuses qui poussent facilement et qui développent un système racinaire important. Ces plantes stabiliseront naturellement les berges et limiteront l’érosion. Privilégiez alors :

• le saule en pied de berge ;
• l’aulne à mi-berge ;
• le frêne à mi-berge ;
• le chêne en haut de berge.

Mais aussi du sureau noir, de l’aubépine, des prunelliers, des cornouillers et des coudriers.
Au pied de la berge, vous pourrez mettre en place :

• iris ;
• carex ;
• jonc ;
• sauvageons.

Pour permettre à la végétation de se développer, différentes techniques existent :

Entretenez vos berges

Pour entretenir la végétation de vos berges, un entretien régulier avec des coupes de rajeunissement est préférable à des interventions lourdes espacées dans le temps. Quelques principes de base pour un bon entretien :

• Conserver les jeunes arbres et les arbres sains ;
• Favoriser la diversité des espèces ;
• Éliminer les liserons, ronces,etc. ;
• Les branches basses sont utiles aux insectes aquatiques, aux poissons et à certains oiseaux. Ne pas les élaguer sauf si elles risquent de bloquer des déchets ou d’obstruer le cours d’eau. ;
• En vieillissant le tronc devient creux et devient un habitat privilégié pour de nombreux insectes, mammifères et oiseaux.

Pour être en bonne santé, les arbres nécessitent d’être taillés. Voici quelques conseils pour la taille des arbres sur votre parcelle.

• Afin d’éviter que les arbres en bord de cours d’eau ne se cassent et tombent à l’eau, il est souhaitable de tailler certains arbres en têtards. Cela consiste à couper la partie supérieure d’un arbre. Ceci provoque la croissance des bourgeons situés à la périphérie basse de la partie étêtée. L’entretien régulier du têtard (tous les 3 à 10 ans maximum selon les essences) permet à la tête de s’étoffer et de s’élargir créant ainsi un large plateau.

• Veillez à bien choisir les angles de coupe lorsque vous taillez un arbre. Ils sont importants pour une bonne cicatrisation de la plaie. À la suite d’une coupe bien faite, un bourrelet cicatriciel se forme tout autour de la plaie protégeant ainsi les tissus vivants.

• Pour obtenir de nouvelles coupes, il faut couper le tronc de l’arbre (à l’aide d’une serpette par exemple) au niveau du sol afin de stimuler la croissance de nouvelles pousses sur la souche. Les rejets pourront alors être coupés et plantés.

• Lorsque vous décidez de couper un arbre, privilégiez uniquement les arbres morts ou trop penchés qui menacent la stabilité de la berge ou risquent de tomber et de bloquer le courant en aval. Ne coupez pas tous les arbres pour permettre une alternance de zones d’ombre et de lumière. L’ombrage limite le réchauffement de l’eau et l’eutrophisation.

• Les déchets de végétaux issus des coupes doivent être évacués des zones inondables pour ne pas être emportés par la crue.

• Certaines maladies peuvent affecter les arbres, telle que la maladie de l’aulne. Cette dernière est due à la propagation d’une algue qui attaque les arbres croissant dans les bois humides ou marécageux, ou encore en bord de cours d’eau. Les algues infectées sont transportées par l’eau des rivières, rentrent dans l’arbre par sa base et les racines et bloquent la circulation de la sève entraînant la mort. Les symptômes se manifestent à trois niveaux : sur le tronc, sur les feuilles et sur les branches. Il n’existe pas de traitement. Il est donc important de tailler l’arbre en totalité, de nettoyer les outils de coupe et de brûler les branches coupées afin d’éviter la dissémination.

• Les obstructions du lit du cours d’eau peuvent perturber le débit du cours d’eau et entraîner une érosion des berges. Néanmoins, enlever ces obstructions ne doit pas être systématique. Avant de les enlever, il faut en effet s’assurer de la présence d’un nouvel habitat pour la faune. Ces zones sont très appréciées des libellules qui y trouvent de la nourriture, peuvent se cacher et se reproduire.

Il y a des périodes plus ou moins adéquates pour intervenir sur les berges d’un cours d’eau.

• Les divers travaux de restauration (berges, clôtures, etc.) se réalisent préférentiellement en période d’étiage (juin à novembre) pour des raisons pratiques et afin de respecter la nidification des oiseaux.
• Les plantations sur rives sont réalisées en dehors de la période estivale et des périodes de gel. Elles participent à la restauration des berges et à la lutte contre les espèces invasives.
• Les interventions sur la végétation rivulaire peuvent être réalisées dès la fin de l’été jusqu’au début du printemps. Elles ont pour but d’améliorer les capacités d’écoulement et d’autoépuration du milieu naturel.
• D’autres actions comme la suppression d’embâcles sont à effectuer au cas par cas.