L’eau est au cœur de l’action du SIARE, que ce soit dans ses missions de gestion des eaux usées et pluviales, de protection des milieux aquatiques, de prévention des inondations ou d’encadrement des pollutions. A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau le 22 mars, nous vous présentons les différents moyens mis en œuvre par le SIARE pour assurer le suivi des eaux sur le territoire, à la fois au niveau quantitatif et qualitatif.
Mesurer le débit d’eau
Le transport des eaux usées et pluviales est assuré par un réseau de canalisations de 175 km géré par le SIARE : un vaste réseau qu’il est nécessaire de surveiller, afin de garantir la continuité du service public ! C’est pourquoi, le SIARE dispose de 150 capteurs, répartis sur une cinquantaine de points stratégiques sur le territoire :
- les bassins de stockage d’eaux pluviales
- les exutoires (point bas du bassin versant où s’évacuent les eaux soumises à un écoulement)
- les déversoirs d’orage (système souterrain permettant, en cas de fortes pluies, de dévier une partie d’un réseau unitaire dans lequel sont mélangés les eaux usées et pluviales, vers le réseau d’eaux pluviales, afin de délester le réseau et d’éviter les débordements)
- les ouvrages spéciaux comme les bassins de stockage unitaire et le poste de refoulement de Beauchamp
- des nœuds stratégiques comme par exemple les connexions entre des réseaux d’eaux usées et des réseaux unitaires (mélange d’eaux usées et d’eaux pluviales)
- les rivières
« Nous avons des capteurs de hauteur et de vitesse qui nous permettent de mesurer le débit d’eau qui circule, ainsi que des pluviomètres » explique Nicolas Polart, ingénieur supervision. « Ces instruments de mesure transmettent à notre système d’autosurveillance des données toutes les 5 minutes, ce qui nous permet de suivre l’évolution des flux et d’agir au plus vite, si cela est nécessaire ».
A quoi servent toutes ces données recueillies ?
D’abord à s’assurer du bon fonctionnement des équipements et à intervenir rapidement en cas de dysfonctionnement. Il y a également un objectif de connaissance afin d’optimiser la gestion et le fonctionnement du système d’assainissement et d’améliorer la précision de la modélisation des réseaux du SIARE.
Concernant les débits aux exutoires, c’est-à-dire le volume d’eau sortant de notre territoire, les données brutes sont transmises en temps réel au SIAAP (Service public de l’assainissement francilien) qui peut alors anticiper les volumes arrivant dans les différentes stations de traitement des eaux usées.
D’autre part, connaître les niveaux des bassins de stockage permet d’agir pour prévenir les risques d’inondation. En effet, lors de fortes pluies, les bassins peuvent être régulés par des vannes qui laissent plus ou moins sortir l’eau, en fonction de la capacité d’absorption des canalisations d’eaux pluviales. Le surplus d’eau est alors retenu dans le bassin et restitué au fur et à mesure au réseau.
Mais il y aussi surtout un aspect réglementaire. « Sur les déversoirs d’orage, nous envoyons les données tous les mois à la Police de l’eau et à l’Agence de l’eau car il s’agit d’eau usée mélangée à de l’eau pluviale qui est rejetée dans le milieu naturel. Il est donc important de savoir si cette eau est chargée en polluant et en quoi elle risque de dégrader le milieu naturel » souligne Nicolas Polart. La prévention des pollutions fait en effet partie des missions du SIARE qui met en place des campagnes de mesure de la qualité de l’eau.
Mesurer la qualité de l’eau
Cette année, le SIARE a renforcé le suivi de la qualité des eaux en mettant en place un réseau de mesure de 56 points : 24 sur des milieux aquatiques (rivières et plans d’eau) des 5 bassins versants du territoire et 32 sur des réseaux et ouvrages d’assainissement. « En matière de pollution, le milieu naturel et les réseaux d’assainissement sont imbriqués, d’autant plus sur notre territoire qui est très urbanisé, il était donc important d’avoir des points de mesure sur ces deux environnements. Par exemple, nous avons sur le territoire plusieurs cours d’eau qui passent dans des réseaux d’assainissement à certains endroits puis ressortent ensuite à ciel ouvert. Il y aussi la problématique des mauvais branchements, lorsqu’une canalisation d’eau usée est branchée sur un réseau d’eaux pluviales et atterrit dans le milieu naturel. Tout est lié » précise Romain Pouvreau, chef de projet eau et environnement.
Là encore, il y a un objectif important de connaissance pour rendre compte de l’état écologique des milieux aquatiques, afin de les protéger ; et pour mieux appréhender les différents types de pollution qui touchent les réseaux d’eaux pluviales et affectent le milieu naturel. Ces données permettront également d’évaluer l’efficacité des différentes actions mises en place pour améliorer la qualité de l’eau et d’en déterminer de nouvelles, par exemple si on constate des anomalies sur une canalisation d’assainissement.
Comment sont effectuées les mesures ? Il y a 3 types de mesure : des prélèvements d’eau ou de sédiments analysés en laboratoire, des mesures in situ effectuées par sonde (mesure immédiate de la température, de la conductivité, de l’oxygène dissous, du PH, de la turbidité …) et des mesures de débit qui permettent de croiser la qualité avec des volumes et d’en déduire les flux de pollution.
En laboratoire, différents paramètres sont analysés, en fonction des sites : paramètres physico-chimiques, métaux, pesticides, composés d’usages industriels, hydrocarbures … « On ne va pas suivre les mêmes paramètres, selon les localisations. Par exemple, sur le ru des Haras qui se situe dans un environnement très urbain, on va suivre des critères comme les hydrocarbures issus du ruissellement sur la chaussée. Sur le ru de Montubois qui traverse la forêt et des zones agricoles, il va être pertinent de rechercher dans les analyses des pesticides » explique Romain.
Pour les milieux aquatiques, en complément des paramètres physico-chimiques, une campagne hydro-biologique est également prévue pour mesurer des indices biologiques dans le milieu naturel sur les invertébrés et les diatomées, ainsi que des campagnes d’analyse de cyanobactéries pour surveiller le lac d’Enghien-les-Bains.
En parallèle, le SIARE a lancé une étude afin d’évaluer la présence de micropolluants dans les réseaux d’assainissement, en coordination avec les communautés d’agglomération Val Parisis et Plaine Vallée. En effet, lors de campagnes de prélèvements, le SIAAP, qui gère les stations d’épuration des Grésillons et d’Achères destinataires des eaux usées du territoire, a constaté la présence de ces substances, y compris en sortie de station, lors du rejet au milieu naturel.
L’étude permettra donc d’identifier en amont les différentes sources d’apports de micropolluants : industriel, artisanat, domestique, pluvial, autres établissements (agricole, santé, services techniques des collectivités, etc.). Par la suite, plusieurs possibilités d’action pour réduire ces substances seront envisagées et mises en œuvre, en fonction de leur efficacité et de leur viabilité. La surveillance des rejets de substances dangereuses dans les eaux (RSDE) est une obligation légale, afin d’améliorer la qualité des milieux aquatiques. En effet, ces micropolluants, bien que présents dans des concentrations très faibles dans l’eau, sont toxiques pour l’écosystème.
Enfin, une campagne de bathymétrie pour mesurer l’épaisseur des sédiments sur différents plans d’eau du territoire sera effectuée cet été. Il s’agit de surveiller l’envasement des plans d’eau et de planifier, si besoin, des opérations de curage.
En résumé, quantité et qualité sont liées, et les différentes mesures de l’eau des réseaux d’assainissement et des milieux aquatiques permettent au SIARE d’assurer un suivi précis et fiable. L’objectif est de recueillir des chiffres concrets, afin de pouvoir identifier et corriger les anomalies. L’enjeu est de taille : diminuer la pollution de l’eau et améliorer la qualité des rivières et plans d’eau, permettant à la biodiversité de se développer.