Méconnues et souffrant d’une mauvaise image, les zones humides nous rendent pourtant beaucoup de services, notamment dans la préservation de la biodiversité et dans la prévention des inondations. Comment les reconnaître ? A quoi servent-elles ? Pourquoi faut-il les protéger ?
Qu’est-ce qu’une zone humide ?
Les zones humides sont des éco-systèmes, où la présence de l’eau est permanente ou temporaire ; elles sont parfois en eau, parfois à sec, selon les saisons et les situations. La présence d’eau visible n’est donc pas un critère pour les reconnaître.
Ces espaces naturels peuvent prendre différentes formes : marais, tourbière, forêt alluviale, prairie … et ont un type de sol et une flore spécifique (roseau, carex, iris jaune, saule, jonc). Cela crée un habitat propice à de nombreuses espèces comme les libellules, amphibiens, oiseaux, reptiles, qui y vivent et viennent s’y reproduire.
Contrairement aux idées reçues, les zones humides ne se situent pas qu’en zone rurale et plusieurs sont présentes sur le territoire du SIARE.
Le code de l’environnement propose la définition suivante « On entend par zone humide des terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».

La présence de zones humides : un atout pour un territoire
Dans le contexte du changement climatique, il est essentiel de les protéger car les services qu’elles nous rendent sont inestimables :
- Protection contre les sécheresses et les inondations: 15 000 m3 par hectare, c’est le volume d’eau qui peut potentiellement être stocké dans une zone humide
- Préservation de la biodiversité: en France, 30 % des espèces végétales remarquables, 50 % des oiseaux et 100 % des amphibiens dépendent des zones humides.
- Îlots de fraîcheur en ville
- Recharge des nappes phréatiques
- Absorption du carbone : les zones humides absorbent le CO2 pour un volume 2 fois supérieur aux forêts et atténuent donc les effets négatifs du changement climatique.
- Filtration des polluants de l’eau grâce aux plantes épuratrices
Malheureusement, elles sont en danger : 50% des zones humides ont disparu au cours du 20ème siècle en France. Les activités humaines en sont les causes principales. Ainsi, elles ont souvent été asséchées et drainées, notamment à cause des pratiques agricoles et de l’urbanisation excessive (habitations, zones commerciales, routes, etc.).

L’action du SIARE
Le SIARE, du fait de sa compétence GEMAPI (GEstion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) a pour mission de protéger les zones humides. Cela passe par trois étapes :
1) Identifier et recenser les zones humides du territoire
L’étude scientifique des milieux humides est nécessaire à leur protection et à l’amélioration de leur qualité. Mieux les connaître permet de mieux les préserver.
L’inventaire du SAGE Croult-Enghien-Vieille Mer a identifié les zones humides sur une grande partie du territoire du SIARE mais il y avait 8 communes non couvertes par l’étude. Le SIARE a donc réalisé un inventaire complémentaire.
195 zones humides soit 99,6 hectares ont ainsi été répertoriées sur le territoire du SIARE, dont 80 zones humides (37,5 hectares) se situent dans le périmètre du SAGE Croult-Enghien-Veille Mer (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux).
Ce recensement des zones humides sera suivi par une étude plus approfondie permettant d’identifier les enjeux et menaces propres à chacune puis d’élaborer un plan de gestion priorisant les besoins en entretien et en restauration.
Toutes ces données seront ensuite ajoutées à une banque d’information nationale.
2) Un vaste programme de restauration, de création et de valorisation de zones humides prévu par le SIARE.
Pour les zones humides abîmées, des travaux d’entretien ou de restauration seront réalisés. Cela peut aller du simple entretien (fauchage) à une restauration complète. La création de nouvelles zones humides et la transformation de plans d’eau en zones humides sont également des solutions à mettre en œuvre.
Le programme de travaux du SIARE a des objectifs pluriels : diversification des milieux et augmentation de la biodiversité, amélioration de la qualité de l’eau, ralentissement des ruissellements et récupération de volume de rétention.
Parmi les projets, citons :
- La restauration de zones humides traversées par le ru de Corbon à Montlignon
- Le réaménagement des étangs de la Chasse et des étangs Marie à Saint-Prix et du plan d’eau du manoir de la Norée à Montlignon
- La valorisation écologique de l’étang de l’établissement scolaire Bury Rosaire à Margency
- La création d’une zone humide pédagogique à Eaubonne
- La réhabilitation d’une zone humide au niveau du bois des Eboulures à Franconville
- L’aménagement d’une zone humide à St Leu La Forêt
- L’aménagement d’une zone d’expansion de crue sur le ru du Montubois à Frépillon
- L’aménagement hydro-écologique d’une zone humide de 3,5 ha à Béthémont-la-Forêt
L’ensemble des actions rentre dans le cadre du renforcement de la trame verte et bleue. Ces actions sont complétées par des projets concernant les cours d’eau (reméandrage, renaturation des berges, aménagement hydroécologique etc.).
3) Les protéger
Pour préserver les zones humides, différents moyens peuvent être envisagés. Au niveau juridique, le code de l’environnement affirme le principe selon lequel la préservation et la gestion durable des zones humides sont d’intérêt général. Il souligne que les politiques nationales, régionales et locales d’aménagement des territoires ruraux doivent prendre en compte l’importance de leur conservation.
Sur le territoire du SAGE, les mairies devront modifier leur PLU (Plan local d’urbanisme) pour les y inclure et peuvent aussi les classer en zone inconstructible. Lorsque les zones humides sont sur des terrains privés, les propriétaires ont l’obligation de faire une déclaration ou demande d’autorisation pour des travaux, en fonction de la superficie concernée.
La destruction de zones humides sans autorisation est susceptible de poursuites et sanctions pénales – pouvant aller jusqu’à 75 000€ d’amende pour une personne physique et 375 000 € pour une personne morale (Art. L. 173-1.-I du code de l’environnement) – assorties le cas échéant, d’une injonction de remise en l’état initial des lieux et d’astreintes financières.
Par ailleurs, le SIARE a mis en place une stratégie foncière pro-active afin de mieux protéger les zones humides. Une veille et une identification en amont permettent de repérer les terrains présentant un intérêt remarquable et pouvant servir par exemple de zone naturelle d’expansion de crue ou pouvant s’inscrire dans une logique de désimperméabilisation. L’acquisition de terrain permet au SIARE de protéger les zones humides et d’engager rapidement les travaux nécessaires.
Pour en savoir plus, consulter le n° spécial de notre magazine sur les zones humides
Regarder la vidéo de l’agence de l’eau : https://www.youtube.com/watch?v=rVStFHRfOnc








